Quand on arrive en Queen

Il y en a qui montrent leur visage, parce qu’il est beau, puissant, parce qu’il a la capacité de séduire puis convaincre. Il y en a qui s’expriment sur les plateaux télé, articulent soigneusement des pensées comme on cuisine une saucisse au couteau. Il y en a qui militent dans des partis politiques, d’autres qui manifestent dans la rue et dessinent sur des toiles immenses ou minuscules. Certaines fondent des collectifs, organisent des festivals, se regroupent, s’associent, se réunissent dans des cagibis, réalisent des films, produisent et jouent la comédie, elles se font prendre en photos, posent pour des magazines, passent des coups de fil et bataillent avec les mairies.

Depuis 15 ans, j’ai choisi de tendre mon micro à ceux et celles qu’on entend peu dans le monde du surf et en dehors. Je pense à Cloudy, je pense à Sasha, à Grace, Danielle, Martina, Elizabeth, Stacy ou Leah. Mon pouvoir, il est là, il est celui de leur faire un peu d’espace dans l’ogre médiatique, pousser les grilles de l’immense portail resté clos, permettre la visibilité aux corps cabossés qu’on cache, aux cicatrices qu’on recouvre, aux histoires qu’on met en sourdine et aux témoignages qu’on voudrait éteints.

Grâce au Queen Classic Surf Festival, j’ai cette chance depuis 3 ans, celle de donner de la voix aux trans, aux pédés, aux gros, aux lesbiennes, aux femmes cis, aux allié.e.s, aux tordus, aux blessés, aux victimes de salauds, aux secrets des salons, aux coups de gueule et réjouissances, aux sessions joyeuses, à l’espoir unanime et aux parcours engagés. Cette année encore, on va faire résonner les chuchotements car comme le chantent certaines créatures sous perruque, on est prêtes à bouffer le monde entier quand on arrive en Queen.

Au programme des podacsts retransmis en direct sur DIA RADIO ce dimanche 15h :
1- Topless : acte de revendication dans les années 70, quasi banal dans les années 90, pourquoi en trente ans le nombre d’adeptes a diminué de moitié ?

Avec l’essayiste Gala Avanzi, la surfeuse Margaux Brave et la présidente de Keep a Breast Lorène Carpentier.

2- Surfeuse de grosses vagues : anti-modèles des idéaux féminins imposés par l’industrie du surf, les surfeuses XXL prouvent que leurs corps musclés sont des outils au service de leurs performances. Ne serait-il pas temps que l’exploit sportif l’emporte sur la performance de genre ?

Avec la freesurfeuse professionnelle Léa Brassy et la sociologue Anne Schmitt.

Elisa Routa

Journaliste et écrivaine, Elisa Routa publie depuis plus de 12 ans ses portraits, essais et récits d'aventures dans des magazines francophones et internationaux. Elle sort son premier recueil de chroniques en 2020 aux éditions Tellement. 

Précédent
Précédent

Queen Classic Surf Festival 2023

Suivant
Suivant

À l’heure de la messe, on s’échauffait