Durant les premières semaines, j’ai tant marché que j’ai eu la sensation que mes jambes se façonnaient dans la douleur, que mes pieds s’aiguisaient sous la lame d’un couteau de cuisine, à coup de hache, de burin dans les genoux, de pioche dans les fesses, de marteau dans le talon.
Tandis que la lumière de l’après-midi jaunit les tôles du hangar, je remarque quelques silhouettes bigarrées qui dansent sur les packs d’eau gazeuse. J’ai toujours trouvé cela superbe le saut furtif de la lumière dans la laideur, l’arc-en-ciel dans la flaque d’essence, sur les cartons les traits parfaitement droits du cutter rétractable, la poussière sur les poutres métalliques qui tombent en écailles de poissons.
Depuis 39 ans on fête mon anniversaire la veille de Noël pas par fétichisme ni par manque de temps mais le hasard du calendrier je faisais le poids d’une dinde quand je suis née c’était le repère soufflé aux absents depuis la maternité le poids d’une dinde.
ll y a tout juste un an le livre "Finistère" voyait le jour. Il met en lumière la richesse d’un territoire rural et océanique. On y parle de créativité, d’hospitalité, d’écologie, de gastronomie et d’hédonisme conscient. J’ai eu la chance de rédiger l’intégralité des textes et des 250 pages.
Extrait : Après son premier livre « Chroniques du royaume », la journaliste et surfeuse Elisa Routa s’est laissée emporter par la littérature. Jusqu’à partir en résidence à la Maison François-Méchain, en Charente-Maritime, pour écrire son premier roman.
À l’écrit, j’aime user de la grossièreté, ça me libère, ça me fait du bien, ça attrape, ça va chercher un truc en moi et ça le balance dehors. Ça fait des va-et-viens avec ce que je ressens, ça rebondit quand j’écris putain de merde. Vous avez senti l’écho en vous, en lisant Putain de merde ?
Salut l’humanité, le dernier caddie est tombé, couché au sol les roues embourbées dans la terre molle d’ordinaire on y fait pousser des trucs des légumes des fleurs ou des forêts . Ce matin on compte les chariots désarmés, les pneus sabrés les roues figées les grilles crasseuses, abattus par vengeance pour un champs de patates.
il n’y a pas de réseau et on doit lancer un poids tendu au bout d’un fil de pêche pour s’assurer qu’il reste encore de l’eau de pluie dans la cuve pour la douche et la vaisselle. Nos voisins ont le poil blanc et soyeux, graissé par les vents. Ils nous lancent des regards aveugles persuadés qu’on en veut à leur fourrure de pauvres pour en faire des isolants.
Bientôt, je poserai mes stylos à La Maison Francois Méchain. La grosse mouche va s’envoler jusqu’en Charentes pour deux mois de résidence d’écriture. Les mêmes nuages dans le même écran au-dessus d’une nouvelle maison aux volets bleus. Je vais anéantir ma touche Supprimer.
Retrouvez-nous ce week-end à Biarritz pour la 3ème édition du Queen. Je serai ce dimanche avec Dia Radio pour l’enregistrement d’un podcast sur le sujet du topless avec comme invitées l’essayiste et autrice Gala Avanzi, la surfeuse Margaux Brave et la présidente de la fondation Keep A Breast Lorène Carpentier.